Le premier CSA-D FS SSCT (ex-CHSCT) de l'année scolaire se tenait jeudi 30/11. L'occasion pour la FSU-SNUipp de rappeler la situation désastreuse des conditions de travail des PE
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Madame la Secrétaire Générale,
Mesdames et Messieurs les membres de la Formation Spécialisée du CSA de Maine-et-Loire,
Ce premier CSA de l’année scolaire, en formation spécialisée, s’ouvre aujourd’hui dans un contexte d’accablement et de douleurs pour la communauté éducative tant l’assassinat de notre collègue Dominique Bernard a marqué la profession.
Ce collègue a été assassiné parce qu’il était enseignant, tout comme, avant lui, Samuel Paty. Tout récemment, l’ouverture du procès des collégiens ayant participé à l’entreprise meurtrière contre Samuel Paty ravive des plaies encore aiguës dans la profession.
Une profession qui se sent esseulée, de plus en plus méprisée, de moins en moins protégée.
Le ressenti général de déconsidération dans la communauté enseignante est d’autant plus insoutenable qu’il est la conséquence de multiples contre-réformes qui se sont effectuées ces dernières années sans l’assentiment des personnels et sans le consensus avec les organisations syndicales.
Le recul de l’âge de la retraite, l’alourdissement de la charge de travail, le déclassement social et salarial des personnels de l’EN, les dernières annonces sur les modalités d’accès à la classe exceptionnelle (sur le dernier tiers de la carrière)… ajoutent encore du désespoir.
Que vaut le dialogue social quand les réformes gouvernementales s’imposent à coup de 49.3, quand on restreint les possibilités d’interventions des organisations représentatives depuis la loi de transformation de la Fonction Publique, quand notre Ministère passe en force sur la mise en place du Pacte, la réforme du lycée professionnel, la réforme du BAC… ?
Le nombre croissant de démissions (+567% en 10 ans, chiffre de la commission des finances d’après les données de la DEPP), de demandes de rupture conventionnelle, d’arrêts maladie, les difficultés de recrutement, le manque d’attractivité des métiers d’enseignement sont autant d’indicateurs qui devraient alerter la chaîne hiérarchique jusqu’au ministre.
Tout comme l’ensemble des atteintes à l’intégrité physique, morale et psychique des personnels enseignants devrait mobiliser toutes les ressources de notre ministère.
De plus en plus de collègues nous témoignent d’un quotidien professionnel intolérable : coups, morsures, griffures, crachats constituent un réel auquel sont confrontés des enseignants, des AESH, des ATSEM.
Les situations de crise se multiplient, principalement dans les établissements du 1er degré. Situations qui relèvent très souvent des prérogatives de la psychiatrie et du soin.
Nous distinguons ici les enfants qui éprouvent le cadre, mettent à mal le collectif de travail, renvoient les enseignants dans une position de travail empêché des élèves identifiés comme relevant de l’école inclusive.
Sur la seule période circonscrite pour l’étude des fiches RSST de l’instance du jour, près de 50 fiches relatent des faits de violence à l’encontre des professeurs des écoles, parfois répétitives. Les réponses des inspecteurs et des inspectrices à ces mêmes fiches révèlent trop souvent, à nos yeux, une lacune dans la prise en compte du traumatisme induit par de tels actes de violence. Répondre ainsi que « la situation n’est pas connue du pôle ressource », ou proposer systématiquement des réunions supplémentaires, des EE… ne peut constituer une solution à la hauteur du trauma.
A contrario, on peut se réjouir qu’une IEN rappelle systématiquement que les enseignants « exposés à des gestes violents » relève de l’inacceptable.
Nous comprenons que les personnels d’encadrement peuvent être également démunis devant de telles situations paroxystiques.
Pour autant, il est urgentissime que chaque situation d’atteinte à l’intégrité physique puisse être traitée efficacement, que les personnels qui y sont soumis soient soustraits à toute violence quand bien même elle est opérée par un enfant.
Plus largement, tout personnel, tout salarié confronté à un acte de violence est une victime. Un protocole de gestion de crise, un aménagement de classe, une réunion supplémentaire ne peuvent être la première réponse.
Tout aussi préoccupant, nous assistons à une recrudescence de faits de menaces ou de dénigrements divers : de plus en plus d’enseignants sont touchés, de visu ou sur les réseaux, par des expressions révoltantes remettant en cause leur probité et leur autorité.
L’employeur, conformément à la réglementation, doit prendre toutes les mesures pour protéger les personnels.
Nous voudrions également vous alerter sur la situation des remplaçants du 1er degré dans le département qui nous témoignent fréquemment de leurs conditions de travail dégradées, voire, parfois, de leur stupéfaction lorsqu’ils/elles sont destinataires de messages ou de communications agressives de la part du service des remplacements. Les personnels de remplacement sont particulièrement engagés dans leur mission et assurent la continuité du service dans une situation compliquée. La manière dont on s’adresse à eux quelquefois est totalement inacceptable et traduit pour le moins une situation de tension qu’il s’agit d’analyser et de corriger.
Notre propos doit être compris comme un ensemble d’alertes que nous portons à votre connaissance depuis de nombreuses années. La situation atteint aujourd’hui un point de rupture.
C’est à ce titre que la FSU-SNUipp49, à l’instar de toutes les autres organisations départementales, a déposé une alerte sociale (voir Dépôt d’une alerte sociale : le point de rupture est atteint dans les écoles !) tant les conditions de travail enseignants et AESH se sont profondément dégradées, entraînant perte de sens du métier, mal être et souffrance au travail (voir également : « Manque de moyens : le cri d’alarme des enseignants ») . Les personnels demandent non pas « un choc des savoirs » mais « des actes forts » du ministère qui répondent aux difficultés rencontrées dans les écoles au quotidien.
C’est le sens de l’engagement des membres de la FSU et de nos incessantes demandes au sein de toutes les instances, particulièrement au sein de celle qui nous réunit aujourd’hui.