Cet article a été initialement mis en ligne par le site "faire le jour.org" que nous vous invitons à consulter régulièrement.
Le Canard Enchaîné relate, dans son édition du 11 janvier 2006, un bien curieux événement qui s’est produit le 18 décembre 2005, lors d’un déjeuner à l’Élysée. M. Chirac, Président de la République, M. Debré, Président de l’Assemblée Nationale, Mme Veil, membre du Conseil Constitutionnel, comptaient parmi la cinquantaine d’invités à ce repas organisé par Mme Chirac en l’honneur de son amie Mme Pinault, fraîchement décorée des insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Figurait à la droite de Mme Chirac, M. Di Falco. Ce dernier, en ce repas dominical, a sans doute confondu l’Élysée avec son diocèse de Gap. À la fin du déjeuner, à la demande de son hôtesse, il invite les convives à se lever pour écouter « une prière d’Action de grâces ». Il remercie le « seigneur », ainsi que « tous ceux qui partagent [sa] foi », pour cet excellent repas : les contribuables apprécieront. Il a « une petite pensée pour les gens qui souffrent » : les familles les plus pauvres apprécieront. La charité, ça ne mange pas de pain, surtout lorsque le gouvernement abandonne toute politique de solidarité nationale. Il conclut sa prière en invoquant « le père, le fils et le saint-esprit » : Marianne appréciera. Doit-on croire que l’on préfère aujourd’hui à l’Élysée la trinité catholique au triptyque républicain « Liberté, Égalité, Fraternité » ?
Certes, comme le relate encore le Canard Enchaîné, cette initiative a manifestement contrarié M. Chirac, ainsi que sa fille qui a dû déployer des trésors de diplomatie pour s’assurer de la discrétion des invités. Mais il n’en demeure pas moins que Mme Chirac est coutumière du fait. Quelques mises au point s’imposent donc : Mme Chirac ne peut pas continuer à considérer l’Élysée comme son domicile privé. Elle ne peut continuer à manifester un tel mépris à l’égard du principe républicain de laïcité. Son statut de femme du Président de la République ne saurait l’autoriser à revenir sur 100 ans de séparation entre les Églises et l’État.
On ne peut pas dire que la classe politique ait aidé Mme Chirac à méditer sur le principe de laïcité : tout porte à croire que, pour une très grande majorité des représentants de l’État, l’année 2005 a été davantage marquée par la mort du pape que par les 100 ans de la loi de 1905. La République, qui n’a pas hésité à mettre ses drapeaux en berne lorsque Karol Wojtyla est mort, ne s’est guère sentie concernée par la commémoration de la loi de 1905. M. Chirac, qui aime à se présenter depuis 2004 comme le champion de la laïcité, ferait donc bien de mettre les pratiques qui ont lieu à l’Élysée en conformité avec ses discours.
L’Ufal demande donc aux plus hautes autorités de l’État, Président de la République en tête, de mettre en oeuvre, dans les faits, la stricte séparation de la sphère publique et de la sphère privée, et de faire savoir à l’épouse de Jacques Chirac que la France n’est pas un pays catholique, mais une république laïque.
Le Secrétariat de l’Union des Familles Laïques. Contact : voir ufal.org