La première réunion du CSA en formation spécialisée (ex-CHSCT-D) s'est tenue le jeudi 25 mai dernier. Sur proposition de la FSU, une déclaration liminaire commune a été lue avant la tenue des débats
Les membres de la FSU ont proposé la déclaration liminaire ci-dessous à l’ensemble des syndicats siégeant en FS-SSCT du CSA.
Les organisations départementales du Sgen-CFDT et de l’Unsa-Education ont donné leur accord pour être signataires de cette déclaration.
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Madame la Secrétaire Générale,
Cette instance est réunie pour la première fois depuis les élections professionnelles. Elle se réunit dans un contexte social explosif : le rejet de la réforme des retraites est massif avec des mobilisations historiques depuis le mois de janvier dernier dans l’unité syndicale totale.
Les personnels de l’éducation, comme l’ensemble du monde du travail, rejettent la loi adoptée par 49.3. Ils posent des questions de fond sur la reconnaissance, le sens et le contenu de leurs métiers, ils dénoncent aussi dans ce mouvement la dégradation des conditions de travail et de rémunération. Rien n’est prévu pour prendre en compte la pénibilité de nos métiers, ni nos années d’études. Aucun dispositif compensatoire pour la retraite des femmes alors que les écarts de pension entre ces dernières et les hommes restent importants.
Alors que tous les signaux d’épuisement des personnels, dans toutes les professions sont au rouge, notre ministère impose par ailleurs des réformes et des réorganisations qui aggravent la situation.
Le Pacte qui se résume à « travailler plus pour gagner plus » – est inacceptable. Les enseignant·es travaillent déjà plus de 40 heures par semaine. Ils et elles sont épuisé·es par ces heures et usé·es par leurs conditions de travail qui se dégradent un peu plus chaque année. Non seulement le Pacte n’est pas une réponse adaptée au malaise des personnels, mais il fait du salaire un élément concurrentiel visant à diviser les collectifs de travail.
Suite aux annonces de réforme de la voie professionnelle, les représentant•es départementaux de la FSU, du Sgen-CFDT et de l’UNSA-Education alertent aujourd’hui sur les effets désastreux pour les enseignant·es et tous les personnels de ces établissements. Le ministre de l’Éducation Nationale a en effet déclaré par voie médiatique la disparition de 80 filières de la voie professionnelle et par conséquent, la suppression prochaine de centaines de postes tout en ajoutant que ces collègues pourront toujours se reconvertir. Ce procédé est d’une extrême violence, dans la forme mais aussi sur le fond. Il montre le peu d’estime qu’il porte aux personnels dont il a la charge et la responsabilité. Où est la « bienveillance » tant affichée lorsque l’institution traite ses personnels comme de vulgaires pions interchangeables ? Quel mépris, à la fois pour les enseignant•es de LP et pour leurs collègues du premier degré de considérer que les un·es puissent improviser le travail des autres ! Quelle méconnaissance de nos métiers !
C’est un véritable plan de reconversions forcées qui se profile, qui n’est pas sans rappeler certaines pratiques de grandes entreprises qui ont fait parler d’elles par le passé.
Déjà en 2020, lors d’un colloque organisé par le Sénat, le sociologue Christian Baudelot avait alerté en soulignant que la situation dans l’Education nationale et la réalité qu’ont connue les salarié•es d’un célèbre opérateur téléphonique présentait des points communs. Nous rappelons aujourd’hui cette alerte, en espérant, pour les agent•es, que personne n’aura motif à attaquer les autorités administratives pour maltraitance institutionnelle.
Comment admettre, à notre époque, de nouvelles réformes de cette ampleur sans qu’aucune étude d’impact sur les personnels, sur leur travail, sur leur emploi et sur leur santé ne soit envisagée ?
Nous dénonçons fermement la méthode et le fond d’une réforme qui dynamite les statuts et métiers de l’enseignement public.
Car cette méthode est à l’opposé des obligations de protection de la santé des personnels qui incombent à tout employeur. Délibérément, le ministère met gravement en danger de très nombreux enseignants et personnels.
C’est un sentiment général de « 49.3 permanent » que vivent les personnels. Rien n’est négocié, rien n’est anticipé en matière d’organisation du travail et de santé au travail. Les personnels nous témoignent chaque jour de leur sentiment de mépris pour leur engagement, nous font remonter la dégradation de leur condition de travail, avec des situations de quasi-rupture (comme peuvent le révéler de nombreuses fiches RSST), de violences multiformes au travail.
La crise de recrutement, l’explosion des demandes de démissions, de ruptures conventionnelles, la progression des arrêts longs… attestent d’une défiance de plus en plus forte à l’égard de notre institution et de ceux qui la dirigent.
L’attractivité du métier est un vain mot dès lors que s’imposent des réformes rejetées par l’ensemble de la représentation syndicale, dès lors que la reconnaissance salariale inconditionnelle n’est pas engagée.
La FSU, le Sgen-CFDT et l’UNSA-Education s’inscrivent dans la volonté de faire progresser les conditions de travail et de santé pour l’ensemble des personnels. Ces organisations s’y attelleront ici au sein de la nouvelle instance du CSA FS SSCT.